|
DOSSIER GREC :
REVUE DE PRESSE |
|
Je prie mes lecteurs de bien vouloir
m'excuser, je ne suis pas journaliste professionnel, je suis
médiateur social et j'ai une famille, je n'ai pas eu le temps de
faire une synthèse donc je partage ma revue de presse, ce
qui peut quand même faire gagner du temps quand on en a pas
beaucoup mais que l'on veut comprendre. Je complète au fil de
mes recherches. Je m'aperçois vite que les grands médias
nous ont gavé le cerveau jusqu'à la nausée avec
une incessante répétition de toutes les informations
validés par les pouvoirs en place, les informations que nos
gouvernants veulent nous apprendre pour mieux nous cacher l'essentiel
et surtout pour nous cacher la vérité sur la Grèce.
à quoi ont conduit trente-cinq années d’Europe pour la
nation fondatrice de notre civilisation ? au vu du résultat
on peut légitimement penser que la Grèce et son peuple
seraient plus heureux sans l'Europe et sans l'euro !
l'Europe capitaliste est une machine à piller les peuples pour
engraisser les banques, le FMI, la commission européenne et tous
leurs complices. Et si l'Europe invite l'Ukraine c'est pour asservir
les ukrainiens qui devront payer ! sauf les plus riches comme en
Grèce...
σε τι έχει οδηγήσει τα τριάντα πέντε έτη της Ευρώπης για το έθνος
ιδρυτής του πολιτισμού μας; λαμβάνοντας υπόψη ένα αποτέλεσμα μπορεί
νόμιμα να σκεφτεί ότι η ελλάδα και ο λαός του θα ήταν πιό ευτυχείς
χωρίς την Ευρώπη και χωρίς το ευρώ!
η καπιταλιστικη Ευρώπη είναι μια μηχανή που λεηλατεί τους λαούς για να
παχύνει τις τράπεζες, το ΔΝΤ, τη ευρωπαϊκή Επιτροπή και όλους συνεργούς
τους. Και εάν η Ευρώπη προσκαλεί Ουκρανία είναι για να ελέγξει
ουκρανικό που θα πρέπει να πληρώσει! εκτός από τον πιό πλούσιοτον όπως
σε ελλάδα…
to what did lead thirty-five years of Europe for the nation founder of
our civilisation? within sight of the result one can legitimately think
that Greece and its people would be happier without Europe and the euro!
capitalist Europe is a machine to plunder the people to fatten the
banks, the IMF, the European Commission and all their accomplices. And
if Europe invites the Ukraine is to control the Ukrainians who will
have to pay! except richest as in Greece…
К чему вел тридцать пять лет Европы для нации основания нашей
цивилизации? Принимая во внимание результат мы можем юридически думать,
что Греция и его люди будут более счастливее без Европы и без евро!
Капиталист Европа - это машина, чтобы разграбить народы к банкам
удобрения, МВФ (МЕЖДУНАРОДНЫЙ ВАЛЮТНЫЙ ФОНД), Комиссии ЕЭС и всем их
сообщникам. И если Европа приглашает Украину это должно порабощать
Украинцев, которые будут должны оплачивать! Кроме самого богатого как и
в Греции....
L'économiste
Thomas Piketty a déclaré dans un entretien avec le
journal DIE ZEIT que la formule de la réussite allemande
après la Deuxième guerre mondiale reposait, entre autres,
sur un élément crucial : la réduction de sa dette.
En 1953, la dette allemande a été effacée à
près de 60 %. Mais Angela Merkel a réaffirmé
dimanche 19 juillet son opposition à une réduction
«classique» de la dette grecque, un «haircut»,
jugeant que cette pratique ne pouvait avoir lieu «dans l'union
monétaire». «Il ne peut pas y avoir dans l'union
monétaire de "haircut" classique, c'est-à-dire la
réduction de 30, 40% de la dette», a déclaré
la dirigeante lors d'une interview à la télévision
publique ARD.
Dans la crise
grecque actuelle, l'argument qui prévaut est que le paiement des
réparations de la 2ème guerre mondiale ne doit pas
être cumulé avec la dette grecque : 380 milliards alors
que l'Allemagne doit 278,7 milliard d'euros de réparations
à la Grèce !
Et la dette de la France ? : 2055 milliards (au 20 juillet 2015) voir le site http://www.dettepublique.fr/ où vous avec quelques vidéos qui aident à comprendre.
LES EXPERTS INDÉPENDANTS :
Le CADTM Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde
Cinq mois après la victoire de Syriza aux élections
législatives en Grèce, les créanciers n’ont
cessé de mettre la pression sur le gouvernement. Les «
institutions » cherchent inlassablement à imposer à
la Grèce la poursuite des mémorandums, ceux-là
mêmes qui ont mené la Grèce dans une crise
humanitaire, sociale, économique et politique sans
précédent. Le rapport intermédiaire de la
Commission d’audit de la dette grecque, présenté les 17
et 18 juin, établit la dette grecque comme étant presque
entièrement illégitime, illégale et odieuse. Face
à l’inflexibilité des créanciers à chaque
proposition du gouvernement grec, Alexis Tsipras a annoncé la
tenue d’un référendum le 5 juillet sur le dernier plan
soumis par les institutions.
Michel Collon : Le véritable but de la «thérapie de choc» en Grèce
20 juil. 2015 09:35
12,5 millions d’Allemands vivent sous le seuil de pauvreté.
Malgré ce bilan pitoyable, Angela Merkel prétend imposer
le «modèle allemand» au monde entier. Michel Collon analyse pour RT France l’exemple de l’Allemagne.
En vérité, le modèle allemand ne fonctionne pas.
Et c’est logique : si vous baissez les salaires, si vous multipliez les
jobs hyper-précaires (on a même vu des gens payés
un euro de l’heure !), bref si vous gonflez les bénéfices
des multinationales en ruinant les travailleurs, avec quoi vont-ils
acheter ? A qui ces mêmes multinationales peuvent-elles vendre
s’il n’y a plus de pouvoir d’achat ? Les seuls à profiter du
modèle allemand, ce sont les actionnaires des multinationales
exportatrices : Siemens, Thyssen, Mercedes, BASF. Le 1%.
Malgré cette faillite, Merkel et les multinationales allemandes
exercent à présent des chantages odieux pour faire
baisser davantage encore le niveau de vie des travailleurs grecs.
Pourtant, ceux-ci ont déjà perdu énormément
: salaires -37%, retraites -48%, consommation -33%. Et tous les experts
un peu réfléchis le disent : cette «thérapie
de choc» made in Berlin aggravera la crise économique
grecque et diminuera la capacité du pays à s’en sortir.
Tout cela pour, nous dit-on, «aider les Grecs à rembourser leur dette». Faux, pour trois raisons :
- La dette est illégitime, a montré Eric Toussaint,
expert international de la dette. Contractée par le 1% des Grecs
qui sont complices des banques allemandes et internationales, elle n’a
en rien profité aux 99 autres pour-cent.
- La dette grecque n’est pas pire que celle des Etats-Unis que tout le monde courtise.
- Ceux qui devraient rembourser sont : la banque américaine
Goldman Sachs qui a truqué sciemment les chiffres de la dette
grecque, Merkel et Sarkozy qui ont vendu des armes inutiles à la
Grèce en pleine crise financière, les banques allemandes
qui ont imposé des taux de voleurs, Barroso qui passait ses
vacances avec le richissime armateur grec Latsis et auquel sa
Commission a octroyé 10 millions d’euros de subsides, et la
liste des vrais profiteurs est encore très longue…
Le véritable but de cette thérapie de choc n’est pas
d’aider les Grecs, mais de les mettre à genoux. Avec trois
objectifs cachés :
- Privatiser pour voler leurs entreprises publiques, leurs ports,
leurs îles touristiques. Pour tenter de résoudre leur
crise, les sociétés allemandes font main basse sur des
sociétés étrangères.
- Transformer la Grèce en une nouvelle Roumanie :
désert économique, et donc réservoir de main
d’œuvre quasi-gratuite pour les multinationales européennes.
- Faire un exemple pour effrayer les autres peuples
européens qui se révoltent contre cette politique injuste
(j’étais en Catalogne, il y a un mois, j’ai pu mesurer la
profondeur et la radicalité des luttes sociales,
particulièrement contre les banques d’ailleurs). Il s’agit de
tuer l’espoir.
Après les Grecs, notre tour viendra. Il est temps de
déclencher une protestation des citoyens européens,
à la base, pour soutenir les Grecs. J’y reviendrai.
source : http://francais.rt.com/opinions/4559-grece-veritable-but-therapie-choc
“Greece is a member of the EU and
…conducts complicated negotiation process with its partners. Mr.
[Alexis] Tsipras didn’t ask us for any help. And in general, it’s
understandable because the numbers [of the Greece debt to the troika of
its international creditors] are high.”
President of the Russian Federation Vladimir Putin
http://www.rt.com/news/272962-putin-greece-european-commisssion/
Ces voix allemandes divergentes sur la crise grecque que personne n'entend
Traduction publiée le 14 Juillet 2015 18:03 GMT
A croire les médias traditionnels allemands, l'Allemagne est
unanime à vouloir un nouveau tour de vis
d'austérité et de réformes pour le maillon faible
grec de la zone euro. Par contre, dans les médias alternatifs et
les communautés d'internautes ou les médias sociaux
d'Allemagne, les voix anti-austerité qui s'alignent sur le
peuple grec sonnent haut et fort.
Grèce : en plein déchirement, Syriza annonce la tenue d'un congrès en septembre
Par latribune.fr | 31/07/2015, 8:30 | 620 mots
Alors que les représentants des créanciers sont
actuellement à Athènes pour finaliser le troisième
plan d'aide à la Grèce, le comité central de
Syriza a voté jeudi soir en faveur de la tenue d'un
congrès extraordinaire en septembre pour définir une
position commune sur l'accord adopté le 13 juillet à
Bruxelles.
Il l'avait annoncé il y a quelques jours. Cette fois, Alexis
Tsipras, le Premier ministre grec, a officiellement proposé la
tenue d'un congrès extraordinaire de Syriza en septembre afin de
définir une position commune vis-à-vis de l'accord avec
les créanciers arraché péniblement le 13 juillet.
Depuis cette date, le parti de gauche radicale, arrivé au
pouvoir en janvier dernier, se déchire. Plusieurs ministres ont
démissionné après l'accord avec les
créanciers, à l'instar de la ministre
déléguée aux Finances, Nadia Valavani la semaine
dernière. Ou encore de Yanis Varoufakis, l'ex-ministre des
Finances le 6 juillet.
Vers un congrès après l'obtention du prêt ?
Jeudi soir, le comité central du parti de gauche radicale Syriza
a voté -après 12 longues heures de réunion- en
faveur de la tenue d'un congrès extraordinaire afin de
définir une position commune vis-à-vis de l'accord avec
les créanciers du pays.
Si cette session doit avoir lieu en septembre, la date n'a pas encore été définie.
"Une majorité a voté en faveur de la tenue d'un
congrès extraordinaire en septembre", a précisé
hier soir Costas Zachariades, membre du comité central.
Mais la tenue de ce congrès, qui risque d'intervenir
après la finalisation de l'accord avec les créanciers, ne
satisfait pas une partie des dissidents qui exigent la tenue d'une
réunion plus tôt. Le ton monte au sein du parti. Hier
soir, à l'issue des discussions, une dizaine de membres du
comité central ont claqué la porte, rapporte Costas
Zachariades à l'AFP.
Tsipras, adulé puis désavoué par son propre camp
Fin juin, Alexis Tsipras avait pris tout le monde de court, y compris
son propre camp au moment de l'annonce de la tenue du
référendum. Les Grecs devaient alors dire si oui ou non
ils acceptaient le plan proposé par les créanciers.
Rejeté en masse le dimanche 5 juillet par 61% des votants, le
même Tsipras a pourtant validé le 13 juillet, à
Bruxelles, l'accord contesté massivement. Depuis, l'icône
de la gauche radicale est critiquée. Voire
désavouée et décrédibilisée.
Lors de la présentation du premier volet de réformes
à la Vouli, 109 des 201 membres du comité central de
Syriza ont déclaré le texte non conforme aux engagements
du parti.
Puis, au moment des deux votes au Parlement, les 15 et 22 juillet, une
trentaine des 149 députés Syriza ont voté contre
les trains de réformes exigées par les créanciers
du pays.
Des élections anticipées au programme
Mercredi, lors d'un entretien accordé à la radio grecque
"Sto Kokkino", le Premier ministre a déclaré qu'il
pourrait être contraint d'organiser des élections
législatives anticipées s'il ne disposait plus de la
majorité nécessaire au Parlement.
Mais la marge de manœuvre d'Alexis Tsipras est d'ores et
déjà limitée. La majorité parlementaire
(151 députés sur 300) n'a été obtenue
qu'à la faveur d'une alliance avec le parti des Grecs
indépendants ANEL. Résultat, Syriza compte 149
députés, l'autre parti seulement 13. Le Premier ministre
doit donc gérer la fronde de certains députés de
son camp, mais aussi celle de son allié de coalition. Pour
l'instant, il a voté les deux volets de réformes
exigées par les créanciers.
Mais, fin juin, le chef de file d'ANEL, Panos Kammenos, s'était
formellement opposé au passage de la TVA à 23% dans les
îles. Et menaçait de se retirer du gouvernement si cette
mesure n'était pas supprimée. S'il a finalement
voté en faveur de ce pack de réformes, l'équilibre
de la coalition est désormais précaire.
Semaine d’action du 1er juillet 2015 au 4 juillet : dans plus de 30 villes en France « Non à l’austérité ! Oui à la démocratie ! » :
François Hollande n'a rien entendu, les députés non plus.
Plusieurs
centaines de personnes se sont rassemblées mercredi 15 juillet de 18H00
à 19H00 place de l'Albertine à Bruxelles, en
solidarité avec le peuple grec. Des discours ont
été tenus, dénonçant la dictature de
l'Eurogroupe et de l'Union européenne au service des banques.
Les participants parmi lesquels des représentants du syndicat
CSC, des sympathisants du mouvement citoyen Hart boven hard ou encore
des eurodéputés du parti Podemos soutiennent la
résistance du peuple grec face au pillage de son économie.
Tosi Pietro, membre du MOC (Mouvement Ouvrier Chrétien)
Bruxelles, demande le respect formel du référendum du
peuple grec, qui a dit non à plus de 60% le 25 juin dernier
à la proposition d'accord entre la Grèce et ses
créanciers. "Le peuple grec est à nouveau victime
aujourd'hui d'un chantage de l'Union européenne. Le non du
référendum n'a pas été respecté et
nous voulons défendre son choix."
"Ce n'est pas un accord, c'est un viol"
Pierre-Henri Thomas
16/07/15 à 06:23 - Mise à jour à 12:25
Source : Trends-Tendances
Professeur à l'université d'Austin (Texas), James
Galbraith, le fils de John Kenneth Galbraith, a des mots très
durs pour commenter l'accord intervenu lundi entre la Grèce et
les autres membres de l'Union européenne. Ce proche de l'ancien
ministre des Finances grec Yanis Varoufakis condamne à la fois
le FMI, la BCE et l'Union européenne.
Quelle est votre regard sur - l'accord - entre guillemets-de lundi ?
Vous mettez vous-même ce terme entre guillemets : ce n'est en
effet pas un accord. C'est un viol, le consentement grec fut obtenu de
la manière habituelle dans ces circonstances : comme l'a dit
justement le premier ministre grec Alexis Tsipras, il a donné
son accord avec un couteau sur la gorge. En l'espèce, le couteau
était la menace brutale exprimée par la banque centrale
européenne de faire s'écrouler le système bancaire
du pays (en refusant de prolonger ses lignes de crédit
d'urgence, NDLA).
Vous pensez que ces décisions ont une petite chance de résoudre quand même le problème ?
Etant donné l'échec cuisant auquel ont abouti les
politiques similaires qui ont été conduites ces cinq
dernières années, il est difficile pour toute personne
raisonnable de croire que la poursuite des mêmes politiques
aboutirait maintenant à relancer l'économie grecque.
Certains observateurs disent que finalement, il aurait mieux valu
décider d'un Grexit, d'une sortie de la Grèce de la zone
euro, plutôt que d'arriver à ce texte...
Tout cela dépend de la manière dont l'exit aurait
été conduit et de l'importance de l'aide que les amis de
la Grèce auraient apportée au pays.
Pourquoi, à votre avis, l'Allemagne a adopté un ton si dur?
Pour des raisons de politiques intérieures. Parce que la
chancelière Angela Merkel semble avoir été
prisonnière de sa propre administration et parce qu'elle ne veut
pas être déforcée au profit de Wolfgang
Schäuble au sein de la CDU.
Pensez-vous, comme certains économistes anglo-saxons, que tout
ce qui se passe aujourd'hui est la conséquence d'une mauvaise
structure originelle, d'un "bad design" de la zone euro ?
Oui, en partie...
... ils disent que dans cette zone imparfaite, il est impossible
désormais de s'ajuster via les taux de change. Et que la seule
manière de résoudre les déséquilibres entre
les pays qui dégagent des surplus commerciaux et ceux qui sont
en déficit, est que ces derniers s'ajustent via les prix et les
salaires. Ce qui revient à prendre des mesures
déflatoires....
Oui, c'est exactement cela !
Comment expliquez-vous la position du Fonds monétaire
international : après avoir imposé de dures mesures
d'austérité à la Grèce ces dernières
années, il dit aujourd'hui que la solution ne viendra pas sans
une restructuration profonde de la dette grecque par les
Européens?
Le FMI continue de supporter ces mesures d'austérité, qui
ne fonctionnent pas. Mais il lui est interdit de participer à un
programme d'aide d'un pays dont la dette n'est pas soutenable. La
publication ces dernières heures d'analyses montrant que la
dette grecque n'est pas soutenable est donc le moyen pour le fonds de
refuser de participer à un nouveau plan de sauvetage. Cela pose
d'ailleurs un problème majeur pour le financement de l'accord de
lundi, car le prêt que donnerait le MES à la Grèce
requiert (ce sont les statuts du MES, NDLA) la participation du FMI. Si
ces conditions ne sont pas remplies, le fonds peut se retirer et dire
comme Ponce Pilate : je m'en lave les mains.
Et vous, quelles solutions proposez-vous pour régler le problème grec?
Je continue de supporter les efforts de personnes courageuses en
Grèce, et notamment ceux de mon ami Yanis Varoufakis, l'ancien
ministre des Finances, pour trouver une manière tolérable
d'avancer...
Propos recueillis par Pierre-Henri Thomas - source : http://m.trends.levif.be/economie/politique-economique/ce-n-est-pas-un-accord-c-est-un-viol/article-normal-405833.html
Le viol du peuple grec : c'est ça l'Europe ?
T’as pas voulu la gifle ? Eh bien, ce sera mon poing sur la gueule !
Voici la réponse qu’Alexis Tsipras a rapportée de
Bruxelles après que les électeurs grecs se soient
prononcés à 61% contre le premier plan
d’austérité demandé par l'Eurogroupe fin juin. Ou
quand Ubu est fait roi d’Europe
Place de la République dimanche 5 juillet au soir à
Paris, quelques milliers de personnes ont manifesté leur
solidarité et exprimé leur joie avant même de
connaitre les résultats définitifs du
référendum. Reportage.
http://www.latribune.fr/depeches/reuters/KCN0PP156/la-vice-ministre-des-finances-grecque-nadia-valavani-demissionne.html
La vice-ministre des Finances grecque Nadia Valavani démissionne reuters.com | 15/07/2015, 12:40 | 139 mots
ATHENES (Reuters) - La vice-ministre grecque des Finances, Nadia
Valavani, a annoncé mercredi, dans une lettre adressée au
Premier ministre, Alexis Tsipras, qu'elle démissionnait du
gouvernement.
Cette annonce est intervenue avant le vote crucial
qui doit avoir lieu au parlement dans la journée sur le paquet
de mesures d'austérité exigées par la zone euro en
contrepartie du déblocage d'un troisième plan d'aide
à la Grèce.
Nadia Valavani, qui était chargée des
questions fiscales et des privatisations, a fait savoir qu'elle
n'était plus en mesure de siéger au conseil des ministres.
"Il
est impossible de continuer d'appartenir au gouvernement",
écrit-elle dans sa lettre, en expliquant que les mesures
d'austérité engageront le pays sur une voie
mortifère.
(George Georgiopoulos et Costas Pitas, Eric Faye pour le service français)
Les mensonges sur la Grèce
15 Juillet 2015 -
Les Grecs, « des fainéants » ?
« Le
problème, c’est qu’on ne travaille pas assez en Grèce
», a déclaré Sarkozy au journal de 20 h sur TF1.
Selon les enquêtes rassemblées par l’OCDE, la durée
hebdomadaire moyenne de travail en 2014 était de 41,9 heures en
Grèce, un chiffre qui dépasse de 4,6 heures la
durée hebdomadaire moyenne en France et de 6,6 heures celle de
l’Allemagne.
Cette idée est reprise par bien d’autres,
politiciens et journalistes de tout bord. C’est un bobard parmi tant
d’autres, à propos de la Grèce.
Vrai ou faux ?
On nous serine que, contrairement aux Grecs, les
peuples espagnol et portugais auraient accepté de faire des
efforts, ce qui aurait permis à leur économie respective
de s’assainir. Curieuse façon de présenter les choses.
Car ce n’est pas de leur plein gré que les
travailleurs espagnols, portugais et autres ont accepté la
dégradation de leurs salaires, la généralisation
de la précarité, des temps partiels, un chômage qui
a crevé les plafonds, les coupes drastiques dans les
dépenses de santé, d’éducation, et dans les
retraites... En Espagne, au Portugal et ailleurs, ils ont
été nombreux à participer à des
manifestations pour protester. Et si « les bons indicateurs sont
désormais de retour », selon les économistes, les
conditions de vie des travailleurs n’ont connu aucune
amélioration, bien au contraire.
En revanche, les mesures d’austérité
ont bel et bien profité aux capitalistes d’Espagne, du Portugal,
et d’ailleurs...
Ceux qui ne connaissent pas l’austérité
À entendre des dirigeants politiques y
compris de gauche, les classes populaires grecques paient pour avoir
vécu au-dessus de leurs moyens. Quelques centaines de familles
de la grande bourgeoisie possèdent l’essentiel de
l’économie grecque. Elles sont propriétaires de banques,
d’entreprises pharmaceutiques, de travaux publics, d’équipements
militaires.
Or, même aujourd’hui, malgré la crise,
les armateurs sont encore exemptés d’impôts par la
Constitution. Et les plus grandes fortunes échappent
miraculeusement aux contrôles de la Banque centrale
européenne (BCE). Elles ont pour la plupart expatrié
leurs capitaux : 120 milliards d’euros seraient ainsi passés
à l’étranger.
Un seul de ces grands propriétaires,
actionnaire dans le secteur des médias et dans le BTP, a
été mis en garde à vue pour évasion
fiscale. Mais, après avoir signé un chèque de 1,8
million d’euros, il a été libéré au bout de
quelques heures.
En Grèce, comme ailleurs, on ne fait la morale qu’aux pauvres.
J. S. Irène Lénard Yacine Seyrig dans LO
Un vrai ripoux, corrompu jusqu'à l'os : Jean-Claude Juncker, qui donne des leçons de morale aux grecs !
Depuis le 1er juillet, le Luxembourg préside pour six mois
l’Union européenne. L’occasion pour le lanceur d’alerte Antoine
Deltour, à l’origine du scandale LuxLeaks, et son comité
de soutien, de demander à l’UE de « tourner la page des
pratiques antérieures en matière d’évitement
fiscal des multinationales ».
La férocité du plan des créanciers 15 Juillet 2015
«
La liste des demandes de l’Eurogroupe est une folie », a
déclaré le prix Nobel d’économie Paul Krugman.
Même ceux qui se font habituellement les relais des
créanciers n’ont pu que constater que « le plan de
réformes accepté par la Grèce aura un effet
récessif », comme l’a écrit le journal Les
Échos.
Lire plus bas : Un effet récessif comme en 2012
Un excellent journal d'information sur la Grèce mais en anglais : http://www.keeptalkinggreece.com/
http://www.keeptalkinggreece.com/2015/01/30/finmin-varoufakis-we-dont-need-e7bn-tranche-we-need-debt-restructure/
FinMin Varoufakis: “We don’t need €7bn tranche, we need debt restructure” tagged: bailout, Fin Min, Greece, interview, no need 7 billion, NYT, tranche, Varoufakis
Posted by keeptalkinggreece in Economy
“We don’t want the €7 billion. We want to sit down and rethink the
whole program,” Greek Finance Minister Yanis Varoufakis told New York
Times in an interview right after he assumed his new post. Out task “is
to restructure the debt and the economy to get the money we need.”
Varoufakis suggested that the government could finance its obligations
by reducing the target for the so-called primary surplus, the amount of
cash in Greece’s coffers after expenses and interest payments.
Creditors are demanding that Greece run a primary surplus of 4.5
percent of gross domestic product. Mr. Varoufakis, however, said Athens
would propose to hold the level to 1 percent to 1.5 percent of G.D.P.
Greece is also counting on creditors to provide some form of debt
relief, which would also free up funds. Much of the rest of Greece’s
total debt of €318 billion is in the form of loans from other European
Union governments, which do not want write-downs that would cost their
taxpayers. Mr. Varoufakis wants to begin discussions with other finance
ministers to find ways to reduce that burden and said the government
would soon issue proposals.
Even if the new government does not want to abide by the terms of
Greece’s bailout agreements, the Treasury would seem in need of a
remaining €7 billion loan disbursement from that program if Greece is
to pay off foreign debts coming due by August. (Full article
NewYorkTimes)
Head of Eurogroup Jeroen Dijsselbloem is due to Athens today, Friday, where he will meet with the new Finance Minister.
Despite the signals by the EU-Troika partners that there could not be
debt restructure or renegotiation, SYRIZA-led coalition in Greece
insists on this with many ministers claiming that “negotiations have
already started.”
PS After two bailouts totaling €240 billion and strictest
belt-tightening austerity , Greece’s debt rose to €318 billion.
Something must be wrong in the agreements of Troika with “Denmark” of
the South…
Grèce : la vraie nature du troisième mémorandum
Par Romaric Godin | 15/07/2015, 9:27 | 1559 mots
Le
nouveau "plan d'aide" endettera encore davantage la Grèce sans
lui permettre de réellement sortir de l'ornière. Il n'a
pour fonction que de "couvrir" les non-dits sur la dette des dirigeants
européens.
Le rapport du FMI sur la viabilité de la dette grecque a
été perçu comme un « soutien » aux
demandes de restructuration d'Alexis Tsipras. Mais son mérite
n'est pas là. Il met au jour avec une clarté bienvenue le
nœud des six derniers mois de négociations, et pourquoi, au
final, ces dernières se sont achevées par une reddition
de la Grèce. Ce que le FMI répète (il en est
convaincu depuis longtemps), c'est que sans travail sérieux sur
le poids de l'endettement public grec, aucun accord n'est
réellement raisonnable. Or, quoi qu'on en dise ici ou là,
rien ne laisse présager que Berlin accepte d'ouvrir
sérieusement le dossier dans les prochains mois, bien au
contraire. L'accord du 13 juillet sur la dette ressemble aux
engagements pris en novembre 2012 : vagues et sans doute faits pour
être oubliés rapidement.
Qui a bloqué ?
Dès lors, lorsque l'on revient sur le déroulé des
négociations, on se rend compte que les blocages ne sont
jamais réellement venus de la Grèce ou du FMI, qui
demandaient précisément un accord global intégrant
ce travail. Le blocage est venu des seuls partenaires qui refusaient
toute discussion sur le stock de dettes grecques : les pays de la zone
euro. Ce sont eux qui ont contraint le FMI à durcir sa position
en exigeant davantage de garanties pour rembourser une dette
délirante et, ainsi, à rejeter la proposition grecque du
22 juin, conduisant Alexis Tsipras à convoquer un
référendum. Ce sont eux qui ont amené les Grecs
à refuser des « réformes » stériles
tant que le poids de la dette était aussi lourd. Autrement dit,
à refuser une spirale du surendettement qu'ils ont finalement
réussi à imposer.
La morale pour couvrir un montage de Ponzi
Les gouvernements de la zone euro, en se cachant derrière des
arguments moraux qui ne soutiennent pas l'examen historique et
économique (« il faut payer ses dettes »), ont ainsi
imposé un nouveau tour de cavalerie financière : la
Grèce s'endettera donc auprès du MES (Mécanisme
européen de stabilité) pour rembourser les dettes dues
à « sa » banque centrale et au FMI. Avec le rapport
du FMI, c'est donc l'absurdité du nouveau « plan d'aide
» à la Grèce qui éclate au grand jour. Nul
besoin de s'interroger longtemps pour le comprendre : ce
troisième plan ressemble furieusement aux deux
précédents : faire financer ce montage à la Ponzi
par des mesures d'austérité qui garantissent avec
certitude l'augmentation du poids de la dette grecque et
l'incapacité future de rembourser cette dette. Immanquablement,
il faudra proposer un quatrième plan qui augurera d'un
cinquième...
Pourquoi le poids de la dette a augmenté
On l'a souvent oublié sous la montagne de propos moralisateurs
qui se sont déversés sur ce débat, mais le
problème de la dette grecque, ce n'est pas son stock nominal qui
a reculé depuis 2011, notamment après la restructuration
de la dette privée en 2011 (le « PSI »), c'est son
rapport à la richesse nationale grecque qui s'est
effondré plus rapidement. Les créanciers estiment que
cette baisse s'explique par un « manque de réformes.
» C'est une position intenable au regard de la trajectoire des
finances publiques grecques qui se sont redressées très
rapidement, le pays dégageant même un excédent
primaire structurel record. La réalité, c'est que ce sont
ces « réformes » (en réalité des
coupes aveugles) qui ont réduit le PIB et rendu insoutenable la
dette. Une preuve suffira : toutes les projections d'impact de la
consolidation budgétaire sur la croissance depuis 2010 ont
été des erreurs grossières. Bref, c'est la logique
à l'œuvre en zone euro qui a échoué. Raison de
plus, pour les dirigeants européens, de la poursuivre en
l'intensifiant.
Un plan voué à l'échec
Le nouveau plan échouera donc comme les autres puisqu'on se
refuse à tirer les leçons du passé. C'est, pour le
moment, la seule certitude dont on dispose. La volonté des
créanciers de tenir en laisse le gouvernement grec en laissant
les banques fermées jusqu'à la signature d'un accord et,
sans doute, en laissant le financement de ses banques sous perfusion
jusqu'à la réalisation des réformes, va continuer
à peser sur le PIB et à maintenir les investissements et
les dépenses non essentielles à l'état de projets.
Dans un pays ravagé comme la Grèce, ces retards ne sont
pas anodins, ils mettent en péril la croissance future. Viendra
ensuite la mise en place des mesures d'austérité dans un
pays où la demande intérieure est déjà
comprimée, ce qui pèsera lourd sur la croissance. La
Grèce, l'expérience l'a montré, affiche des
multiplicateurs budgétaires importants. Certes, il y aura les 35
milliards d'euros promis par la Commission. Mais n'oublions pas que ces
sommes sont en réalité dues à la Grèce. Ce
n'est pas une aide, c'est une régularisation. Le poids de la
dette va donc encore augmenter. Le FMI prévoit un « pic
» pour cet endettement à 200 % du PIB, sachant que toutes
ses prévisions passées étaient beaucoup trop...
optimistes.
Un « fonds » de privatisation absurde
Sans parler évidemment de ce fameux « fonds »
financé par le produit des privatisations que l'on estime
à 50 milliards d'euros. Ce chiffre n'est basé sur aucune
réalité. Longtemps, le gouvernement grec a demandé
à ce que les privatisations soient mieux
réalisées, en prenant en compte la valeur réelle
des actifs vendus. On a crié au scandale, au manque de
volonté. On a demandé d'aller vite. Mais dans un pays
à l'économie en lambeaux comme la Grèce, obtenir
rapidement des recettes élevées de la privatisation
d'actifs ravagés par l'austérité budgétaire
et disposant de faibles perspectives (en raison du poids de la dette)
relève de l'impossible. Cela relève au mieux
d'oeillères idéologiques, au pire d'une inconscience
coupable. Entre 2010 et 2015, les privatisations grecques ont
rapporté 5,4 milliards d'euros. Ce fonds ne sera donc pas
alimenté, c'est un leurre. Mais, à coup sûr, on
verra dans la non réalisation des objectifs une nouvelle preuve
du manque de volonté hellénique et l'on demandera donc
des coupes budgétaires supplémentaires pour compenser le
manque à gagner... Et cela permettra de ne pas
évoquer la dette, puisque les Grecs "ne respectent pas les
règles". Ce qu'on promet à la Grèce, ce sont,
comme le titrait ce mercredi 15 juillet au matin le quotidien
conservateur Ta Nea, des « années de plomb. » Le
maintien du pays dans la zone euro se fera donc au prix fort.
L'objectif réel des créanciers : cacher leurs mensonges
Ce n'est donc pas la « Grèce » qui a
été sauvée lundi 13 juillet, ce sont les non-dits
des dirigeants européens qui, pour ne pas perdre la face, pour
ne pas reconnaître devant leurs électeurs leurs erreurs,
sont prêts à placer un pays de la zone euro dans une
position sociale, économique et politique désastreuse.
L'erreur d'Alexis Tsipras aura été de croire qu'il
pouvait obtenir un « accord mutuellement favorable » comme
il l'a martelé pendant cinq mois. L'objectif des
créanciers n'étaient pas de trouver un tel accord,
c'était de dissimuler leur choix d'avoir monté un monstre
financier à partir de 2010 derrière un discours moral
pour empêcher d'en assumer les conséquences logiques : le
renoncement à une partie de la dette grecque. Irréalisme
et populisme : ces deux critiques que l'on a tant appliquées
à Alexis Tsipras auraient en réalité dû
s'adresser aux créanciers.
Faire payer les générations futures
Les dirigeants de la zone euro sont comme ces « grands menteurs
» qui se créent des vies parallèles et doivent en
permanence ajouter de nouveaux mensonges aux anciens pour maintenir la
cohérence d'une vie qui, au fil du temps, devient de plus en
plus intenable. Ces affaires se terminent toujours mal, car le
château de cartes finit par s'effondrer. Dans le cas grec, il
faudra immanquablement, d'une façon ou d'une autre, en venir
à l'annulation des dettes. Si les créanciers s'y
refusent, les Grecs feront défaut unilatéralement.
L'irresponsabilité des dirigeants de la zone euro
éclatera alors au grand jour, car leurs « plans »
continuels n'auront fait qu'augmenter la facture. En attendant, tout se
passe comme si ces dirigeants ne poursuivaient qu'un seul but : faire
porter la responsabilité de cet inévitable moment
à leurs successeurs et le fardeau de ses conséquences aux
générations futures. Voici où mèneront les
leçons de morale de ces dirigeants inconscients.
Occasion perdue
Décidément, la zone euro a raté, durant ce premier
semestre 2015, une occasion unique. Dès les premiers moments,
Yanis Varoufakis, le ministre grec des Finances d'alors, a
proclamé qu'il « ne voulait pas de l'argent des
créanciers. » Son but était alors d'ouvrir un vrai
débat sur la dette afin que la Grèce puisse rembourser ce
qu'elle pouvait rembourser. On comprend alors mieux la haine qui l'a
immédiatement entouré : il était celui qui voulait
mettre à jour l'immense refoulé qu'il y a sur la dette,
celui qu'il s'agit de cacher à tout prix. L'occasion d'en finir
avec cette logique a été perdue. Les Grecs et tous les
Européens le paieront, au final, très cher.
Source : http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-la-vraie-nature-du-troisieme-memorandum-492098.html
L'Amérique latine salue le Non du peuple grec
Publié le 06 juillet 2015 à 08h03 | Mis à jour le 06 juillet 2015 à 12h05
Plusieurs dirigeants d'Amérique latine, dont la
présidente argentine Cristina Kirchner et son homologue cubain
Raúl Castro, ont félicité le peuple grec pour
avoir rejeté massivement le plan des créanciers
d'Athènes et ses nouvelles mesures d'austérité.
«Grèce: victoire totale de la démocratie et
de la dignité», a écrit Mme Kirchner dans un
message sur Facebook, exprimant «au nom du peuple et du
gouvernement argentins toute sa solidarité au valeureux peuple
grec et à ses dirigeants».
«Le peuple grec a dit NON aux conditions impossibles et
humiliantes qu'on prétend lui imposer pour la restructuration de
sa dette extérieure», a écrit la présidente.
«Nous, les
Argentins, nous savons de quoi il retourne. Espérons que
l'Europe et ses dirigeants comprendront le message des urnes. On ne
peut exiger de personne qu'il signe son propre acte de
décès», a ajouté Mme Kirchner.
L'Argentine avait déclaré en 2001 le plus gros
défaut de paiement de l'Histoire, d'un montant de près de
100 milliards de dollars, au moment où elle vivait une crise
économique, sociale et politique sans précédent.
Quatorze ans plus tard, le pays a réussi à
renégocier 93 % de sa dette avec ses créanciers
privés, mais il est confronté par l'entremise de la
justice américaine à une demande de remboursements de
fonds spéculatifs, les «fonds vautours», pour un
montant de près de 8 milliards de dollars.
Sur le front de la dette publique, Buenos Aires a remboursé tout
ou une partie de ses obligations, vis-à-vis de la Banque
mondiale et du FMI, et signé l'an dernier un accord avec le Club
de Paris, fixant un échéancier qu'il a jusqu'ici
respecté.
Pour sa part, le président cubain Raúl Castro a
également félicité le premier ministre grec Alexis
Tsipras, a rapporté lundi le quotidien officiel Granma.
«J'adresse mes sincères félicitations pour la
victoire du Non au référendum grec», a-t-il dit.
«Ce résultat montre que la majorité du peuple grec
soutient la politique courageuse du gouvernement que vous
dirigez», a-t-il ajouté.
De son côté, le président bolivien Evo Morales
s'est également félicité de la victoire du non et
a estimé qu'elle constituait une défaite pour
«l'impérialisme européen».
«Je félicite le grand peuple grec pour le triomphe du
"non-paiement" de la dette, qui constitue une déroute
infligée à l'impérialisme européen»,
a déclaré le président bolivien, cité par
l'agence de presse ABI.
Le résultat du référendum «est le
début de la libération du peuple européen»,
a ajouté M. Morales, qui a exprimé «son respect et
son admiration pour le peuple grec».
Entre la Grèce et l'Allemagne, une relation ancienne et tumultueuse
Le Monde.fr | 25.02.2015 à 15h20 • Mis à jour le 26.02.2015 à 11h01 | Par Elisa Perrigueur
Les longues tractations entre les créanciers internationaux et
les dirigeants de la Grèce ont finalement abouti à un
accord, le 20 février, sur la poursuite d'un plan de sauvetage.
Durant ces discussions intenses, le couple formé par
Athènes et Berlin s'est de nouveau démarqué par la
virulence de son opposition. Alors que les Grecs veulent tirer un trait
sur l'austérité, les Allemands exigent que le pays
poursuive l'assainissement de ses finances publiques. Des dissensions
financières ravivées par la crise, mais qui sont aussi la
suite d'une histoire commune compliquée.
« Zone d'influence » sous la « bavarocratie »
Les liens entre les deux pays se tissent surtout au XIXe siècle.
Ravagée par quatre siècles de domination ottomane et une
guerre d'indépendance (1822-1829), la nation grecque naît
endettée en 1830. Les « puissances protectrices »
(France, Russie, Royaume-Uni) accordent au petit Etat, qui se limite
alors à la péninsule du Péloponnèse, la
région d'Athènes et les Cyclades, un prêt colossal
de 60 millions de francs-or. En contrepartie, Othon, jeune prince de
Bavière, est envoyé pour régner sur cette nouvelle
« zone d'influence » en 1832.
« Les Grecs ont été écartés de l'administration et de l'armée »
Le monarque de 17 ans et son conseil de régence opèrent
un changement d'organisation radical, inspiré de la culture
bavaroise. Ils imposent au départ une monarchie quasi absolue,
surnommée des Grecs « xenocratia » ou «
bavarocratia » (de « xenos », « étranger
», et « bavaro », « Bavière »). A
ce moment-là, « la régence a licencié les
troupes grecques et les a remplacées par un corps de volontaires
levé en Bavière avec de fortes soldes »,
précise l'historienne Joëlle Fontaine, auteure de De la
résistance à la guerre civile en Grèce, 1941-1946,
qui rappelle :
« Le système s'est centralisé, les communes
étaient administrées par des fonctionnaires nommés
par le roi. Le droit romain, tel qu'il avait cours en Allemagne,
constituait alors la base de la législation et de la
jurisprudence ; les décrets, les lois et le journal officiel
étaient rédigés en grec et en allemand. Les Grecs
ont été écartés de l'administration, de
l'armée, etc., d'où une agitation et un
mécontentement populaire tout au long du règne d'Othon.
»
image:
http://s2.lemde.fr/image/2015/02/24/534x267/4582532_3_deae_l-universite-d-athenes-a-ete-erigee-sous_e856b7cb16796f323447d0d14f2869ba.jpg
L'université d'Athènes a été
érigée sous la « bavarocratie » et
était autrefois surnommée « université
othonienne ».
La petite Athènes est alors métamorphosée en
prestigieuse capitale par les architectes bavarois. Les écoles
fleurissent, l'université d'Athènes est
créée. Mais ces transformations, tout comme les besoins
de la cour, coûtent cher. Les impôts, plus forts que sous
la période ottomane, ne rentrent pas. Le pays n'a alors pas
bonne presse en Europe. Dès 1843-1844, la Grèce, en
faillite, doit contracter d'autres prêts. Le roi Othon est
renversé en 1862.
En 1863, l'écrivain conservateur Edmond About, auteur de La
Grèce contemporaine, résume la situation : « Les
ressources fournies par l'emprunt ont été
gaspillées par le gouvernement sans aucun fruit pour le pays
(...). La Grèce est le seul pays civilisé où les
impôts sont payés en nature. L'argent est si rare dans les
campagnes qu'il a fallu descendre à ce mode de perception.
»
L'Etat tente une modernisation en 1876. Les banques européennes,
notamment l'institution allemande Bleichröder, prêtent au
pays pour aider au développement. Mais en 1893, la Grèce
est de nouveau en faillite. Une commission financière
internationale est mise en place pour contrôler le budget du
pays. Composée de représentants de l'Allemagne, du
Royaume-Uni, de la France, de l'Italie, de l'Autriche et de la Russie,
elle impose une rigueur budgétaire au pays. Cette sorte de FMI
de l'époque ne sera dissoute qu'en 1936, après que la
Grèce a de nouveau fait défaut en 1932.
Voir : Grèce : la dette, la souveraineté et le poète d'Alexandrie
Massacres et indemnités de guerre
De 1941 à 1944, les Italiens, les Bulgares et les Allemands
envahissent le royaume. Une occupation sanglante. « Les
matières premières ont été pillées.
Les produits alimentaires sont allés au ravitaillement des
soldats allemands et ont engendré de grandes famines dans le
pays », raconte Joëlle Fontaine. Les nazis imposent
également à la Banque centrale grecque au profit de
« l'effort de guerre » un prêt de 476 millions de
Reichsmarks, jamais remboursé, évalué à
8,25 milliards d'euros en 2012 par le Bundestag et à 11
milliards d'euros en janvier par le ministère des finances grec.
1 600 Au sortir de l'Occupation, la Grèce est en ruines. 1 600
villages ont été rasés. Les massacres similaires
à celui d'Oradour-sur-Glane, en France, sont nombreux, à
l'image des épisodes tragiques de Distomo ou Kalavryta, lorsque
des centaines de civils sont tués. « Environ 500 000 Grecs
ont trouvé la mort durant cette occupation (certaines sources
parlent de 600 000) – dont près de la moitié en raison de
la famine – soit 6 % de la population d'avant-guerre, d'après
une étude du ministère de la reconstruction datant de
1946 », précise Joëlle Fontaine. Le pays se retrouve
avec un nombre d'habitants plus faible qu'avant le conflit.
162 MILLIARDS Cet épisode de l'histoire a encore des
conséquences aujourd'hui. Au contraire de l'Italie ou de la
Bulgarie, l'Allemagne n'a pas remboursé
l'intégralité de ses dettes d'occupation après le
conflit. L'actuel gouvernement grec, comme les
précédents, a réclamé le 8 février
le paiement des indemnités de guerre. Cette dette, incluant
l'emprunt à l'effort de guerre et les réparations,
s'élève aujourd'hui à 162 milliards d'euros, selon
Athènes.
En revanche, du point de vue de Berlin, tout a été
« réglé » depuis 1960, quand l'Allemagne a
conclu avec la Grèce – comme avec d'autres pays occidentaux – un
accord de dédommagement, prévoyant le versement à
l'époque d'une indemnité de 115 millions de marks.
Lire aussi : Indemnités de guerre, l'autre dette qui oppose Athènes et Berlin
Le ressentiment anti-allemand sous l'ère de la troïka
Dans les années 1950-1960, l'Allemagne de l'Ouest, jouissant du
« miracle économique », devient l'une des
destinations privilégiées, avec les Etats-Unis et
l'Australie, de la diaspora grecque. Elle le restera pendant des
décennies. Une étude de l'OCDE datant de 2005 estime
qu'en 2000, « la population de nationalité grecque en
Allemagne est de 360 000 individus – incluant un grand nombre de Grecs
nés dans le pays. »
159 MILLIONS A l'entrée de la Grèce dans la zone euro,
l'Allemagne, comme de nombreux pays de la zone, investit massivement en
République hellénique. Les banques suivent : à
l'époque les rendements sont forts, l'offre abondante. Chaque
année, les Allemands constituent le premier contingent de
touristes en Grèce, selon l'organisme des statistiques Elstat.
Enfin, « Berlin est le 3e investisseur en Grèce, avec
159,1 millions d'euros d'investissements directs étrangers en
2013 », dans les produits chimiques et les denrées
alimentaires, ajoute Nikolaos Georgikopoulos, professeur
d'économie à la Stern Business School de
l'université de New York.
Mais les années d'austérité ravivent un
ressentiment anti-allemand. Berlin, principal créancier,
prône l'austérité pour la Grèce. La
chancelière Angela Merkel incarne la rigueur. « Un
sentiment de colère et de trahison n'a cessé de
s'accentuer, certains responsables allemands n'ayant pas
hésité à blâmer le pays pour son
comportement qualifié d'irresponsable », rappelle Nikolaos
Georgikopoulos. La population garde aussi en mémoire le
traitement parfois humiliant de la presse allemande. Le doigt d'honneur
de la Vénus de Milo en « une » de l'hebdomadaire
allemand Focus daté du 22 février 2010 a indigné
la population.
image:
http://s1.lemde.fr/image/2015/02/24/534x267/4582438_7_7662_la-une-l-hebdomadaire-allemand-focus-en_7c12cdace48931aedad19b239758cbd2.jpg
La une l'hebdomadaire allemand "Focus", en février 2010
représente la Vénus de Milo en train de faire un doigt
d'honneur. L'image a scandalisé une grande partie des Grecs.
Les Grecs jouent aussi la provocation. Lors de la venue de la
chancelière allemande, en octobre 2012, une manifestation
s'organise sur la place Syntagma, et un faux char nazi défile au
milieu des pancartes « Dehors, le IVe Reich ». Les actes
anti-allemands sont plus nombreux. En décembre 2013, la
résidence de l'ambassadeur d'Allemagne, située en
banlieue nord d'Athènes, a été la cible d'une
vingtaine de tirs de kalachnikov, probablement le fait d'organisations
d'extrême gauche. La veille d'une visite d'Angela Merkel, en
avril 2014, la Banque de Grèce est la cible d'un attentat
à la voiture piégée, en pleine nuit.
image:
http://s2.lemde.fr/image/2015/02/24/534x267/4582435_3_dc11_une-image-d-angela-merkel-est-suspendue-devant_743b37facf2a4690f20ee56054e878b8.jpg
Une image d'Angela Merkel est suspendue devant le parlement grec, en novembre 2012, la veille d'un vote crucial.
Voir aussi (éditions abonnés) : L’aide à la
Grèce suscite des réticences parmi les
députés allemands
Source
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/02/25/entre-la-grece-et-l-allemagne-une-relation-ancienne-et-tumultueuse_4582423_4355770.html
http://www.lefigaro.fr/international/2012/04/05/01003-20120405ARTFIG00688-grece-un-retraite-se-suicide-sur-l-autel-de-l-austerite.php
Grèce : un retraité se suicide sur l'autel de l'austérité
Par Alexia Kefalas Mis à jour le 05/04/2012 à 13:21 Publié le 05/04/2012 à 11:58
Le désespéré a voulu faire de son geste un symbole politique. Le pays tout entier est sous le choc.
Au lendemain du premier suicide public dû à la crise
économique et aux mesures d'austérité, l'opinion
publique grecque est sous le choc. Le dessin d'un homme, le pistolet
sur la tempe face au Parlement, fait la une du premier quotidien, Ta
Nea. La légende veut qu'il y ait eu un dialogue entre un
journaliste et ce retraité de 77 ans qui a mis fin à ses
jours mercredi, sur la place Syntagma, devant les passants:
«Je ne supporte pas!
- Qu'est ce que tu ne supportes pas, pépé?
- De voir ce que vous direz sur ce que je m'apprête faire!»
Dimitris Christoulas est le nouveau visage de la crise grecque. Avant
de se tirer une balle dans la tête mercredi matin, sur la place
centrale d'Athènes, cet ancien pharmacien aurait crié
«Je n'en peux plus, je ne veux pas laisser de dettes à mes
enfants!». Dans la poche de son manteau, l'homme aurait
laissé une lettre reprise dans toute la presse et sur Internet.
Le message est sans ambages «Le gouvernement (..) a réduit
littéralement à néant mes possibilités de
survie, qui étaient fondées sur une retraite honorable
pour laquelle j'ai payé seul (sans contribution de
l'État) (toute ma vie). Étant parvenu à un
âge qui ne me donne pas la possibilité d'une
réaction dynamique (sans pour autant exclure que si un Grec
attrapait une kalachnikov je n'aurais pas été le second),
je ne trouve pas d'autre solution qu'une fin digne, avant que je ne
commence à chercher dans les poubelles pour me nourrir. Je pense
qu'un jour les jeunes sans avenir prendront les armes et qu'ils
pendront les traîtres sur la place Syntagma, comme les Italiens
ont fait avec Mussolini en 1945 (sur la place Peretto de Milan).»
Mercredi soir, un millier de personnes se sont recueillies autour de
l'arbre où l'homme s'est suicidé. Jeudi matin encore, des
dizaines de Grecs continuent d'y déposer des gerbes de fleurs.
Pour Giorgos Delastik, analyste politique, au-delà du symbole,
le geste est politique. «Pour la première fois,
l'intégralité de la classe politique a réagi.
Même le premier ministre a envoyé un communiqué.
Car cet homme n'était pas fou. Il a décidé de se
tuer devant tout le monde, sur cette place où il y a quelques
mois encore il manifestait avec les indignés. Les
retraités se retrouvent avec une pension misérable et
sont étouffés par l'austérité mais n'ont
pas la force de crier leur colère», explique-t-il.
Le taux de suicides en Grèce a augmenté de 45% en un an
et le désespoir des Grecs inquiète les autorités.
«Les gens se ruent vers les hôpitaux psychiatriques, ils
ont peur de l'avenir et savent que le bout du tunnel n'est pas proche.
Le taux de surendettés qui ne peuvent s'affranchir de leurs
dettes ne cesse de croître et la paupérisation de la
société est une réalité», reprend
Giorgos Delastik. Pour pallier ce phénomène, les
associations caritatives internationales s'organisent.
Le Secours populaire de France a commencé hier une mission en
Grèce. Un fonds d'urgence de 10.000 euros a été
débloqué pour venir en aide à un millier de
familles grecques dans les quartiers les plus
défavorisés. En collaboration avec le comité pour
la solidarité démocratique internationale, d'autres
missions devraient être prochainement mises en place.
Alexia Kefalas
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/industrie-financiere/20120222trib000684345/l-ardoise-grecque-pourquoi-535-de-decote-75-de-depreciation-pour-les-banques-.html
L'ardoise grecque : pourquoi 53,5% de décote = 75% de dépréciation pour les banques ?
Par Séverine Sollier | 22/02/2012, 15:25 |
Les banques et autres créanciers privés qui
possèdent des obligations d'État grecques ont
accepté de réduire leur valeur afin d'alléger la
dette de la Grèce de 107 milliards. La décote
prévue est de 53,5% mais les établissements financiers
déprécient leurs portefeuilles d'obligations grecques de
70% ou davantage. Explications.
La facture est plus salée qu'il n'y paraît pour les
créanciers privés de la Grèce. Les banques,
assureurs et fonds d'investissements ont accepté une
décote des obligations d'Etat grecques qu'ils détiennent
dans l'accord dit PSI (private sector involvement) signé mardi
21 février entre les représentants officiels de la
Grèce et les membres du comité des créanciers
privés, représentés lors des négociations
par le président de l'Institut de la finance internationale
(IFI), Charles dallara et Jean Lemierre de BNP Paribas. Cette
décote s'élève à 53,5% mais en
réalité, cela va coûter beaucoup plus cher.
Pourquoi la décote est-elle de 53,5%
Pour quoi le chiffre est-il fixé à 53,5% ? "Pour faire
économiser à la Grèce 107 milliards de dette, il
faut retirer 53,5% au quelque 200 milliards d'obligations souveraines
grecques détenues par les créanciers, en dehors des
banques centrales et de la Banque centrale européenne", explique
Patrick Jacq, stratégiste marchés obligataires chez BNP
Paribas. Le plan global d'aide à la Grèce a en effet pour
objectif de réduire l'endettement de la Grèce à
120% du produit intérieur brut contre 160% actuellement. Pour y
parvenir, ce plan prévoit un soutien financier de 237 Milliards
dont 130 milliards apportés en plusieurs tranches par le secteur
public à commencer par les Etats membres de l'Union
euroépenne et le Fonds monétaire international (FMI). Les
107 milliards restants doivent être apportés par le
secteur privé grâce à un abandon de dette par les
créanciers privés. Pour atteindre le montant de 107
milliards, il faut faire "disparaître" 53,5% du total des
obligations détenues par les créanciers , principalement
des investisseurs institutionnels. Donc, les obligations grecques ne
vaudront plus que 46,5% de leur valeur initiale.
Une perte de plus de 70% pour les banquiers et assureurs
Plusieurs banques et compagnies d'assurance français ont
déjà annoncé, à l'occasion de la
publication de leurs résultats annuels, un montant de perte
supérieur à 70%, passé dans leurs comptes 2011, en
raison de la décote des obligations grecques. BNP Paribas a
ainsi prévu une perte de 75% comme Société
Générale. Axa, pour sa part, a
déprécié son portefeuille d'obligations
souveraines grecques de 78% soit au total 387 millions d'euros au titre
de l'ensemble de l'année 2011. Quant à CNP Assurances,
qui publiait ses résultats mercredi 22 février, il a
déprécié ses obligations souveraines grecques
à 70% du nominal, ce qui représente une perte de 60
millions d'euros. Globalement, les pertes comptabilisées par les
créanciers privés seront égales ou
supérieures à 70%.
L'opération de décote consiste en fait en un
échange de titres. Pour chaque obligation, les créanciers
recevront des nouveaux titres obligataires de l'Etat grec pour 31,5% de
la valeur initiale. Il recevront aussi des titres à court terme
émis par le Fonds européen de stabilité (FESF)
pour 15%. Ce qui reste, c'est-à-dire 53,5% du prix initial, sera
donc définitivement perdu. C'est le sens de la "décote".
Des obligations nouvelles moins rémunérées et plus longues
La durée des nouvelles obligations souveraines grecques sera
variable, de 11 à 30 ans, et les taux d'intérêt
évolueront : les trois premières années, la
rémunération annuelle sera de 2%, puis de 3% sur les 5
années suivantes et de 4,3% ensuite, jusqu'à 30 ans. Le
taux proposé sera en moyenne de 3,65%, donc inférieur
à la rémunération octroyée jusqu'alors. "Le
coupon moyen de la dette grecque actuelle est plus élevé
et sa maturité plus courte que les coupons des nouvelles
obligations grecques dont le taux d'intérêt est plus
faible et la duration plus longue. Cela se traduit par une perte en
valeur actualisée nette des portefeuilles", précise
René Defossez, stratégiste obligataire chez Natixis
à Londres.
Comment passe-t-on de 53,5% de décote à plus 70% de dépréciation ?
"Pour calculer la valeur actuelle de leurs portefeuilles obligataires,
les banques appliquent un taux d'escompte", explique Patrick Jacq de
BNP Paribas avant d'ajouter, "lors de la précédente
décote en juillet, ce taux était de 9%, aujourd'hui il
est de plus proche de 12%". Et de préciser, "le taux d'escompte
est une hypothèse sur un niveau de taux d'intérêt
moyen. C'est un taux théorique mais il s'imposera à tout
le monde afin de formaliser le calcul".
Il s'agit d'une véritable restructuration de la dette
détenue au bilan de chaque établissement. La perte
consécutive pour chaque portefeuille dépend des
caractéristiques des titres actuels, en termes de
rémunération (taux d'intérêt) et de
maturité (date de l'échéance), et des
caractéristiques des nouveaux titres qui seront reçus
lors de l'échange.
Chaque enseigne est en principe libre de participer à cette
opération de re-souscription de titres ("roll over"). Mais pour
être efficace, c'est-à-dire pour permettre l'effacement du
montant souhaité de dette de la Grèce, elle suppose que
la quasi-totalité des créanciers y participe.
Que se passerait-il si des hedge funds refusaient l'échange ?
Depuis plusieurs mois, des rumeurs affirment que certains hedge funds
détenteurs d'obligations grecques ne participeraient pas
à l'échange, avec l'objectif de faire capoter l'accord
PSI (private sector involvement) et d'obtenir la mis en oeuvre des CDS
(Credit Default Swap), ces assurances qui jouent en cas de
défaut d'un émetteur.
Une éventualité que la plupart des spécialistes
considèrent aujourd'hui comme très improbable, en raison
notamment du faible montant des encours nets des CDS sur la dette
grecque. "Pour ceux qui ne participeront pas à l'échange,
les titres seront remboursés à l'échéance.
Mais en deça d'un certain seuil de participation, la
Grèce peut se réserver le droit de prendre des mesures
plus incitatives, le but étant de ne pas en arriver là et
de rester dans le cadre du volontariat", indique Patrick Jacq. Pour sa
part, René Defossez de Natixis est plus catégorique : "La
Grèce pourrait obliger les créanciers en faisant jouer la
CAC [clause d'action collective], d'ailleurs elle a prévenu
qu'elle le ferait si besoin". Le parlement grec doit en effet examiner
jeudi 23 février le texte de loi sur toute l'opération
d'échange d'obligations qui comprend une clause d'action
collective. Le gouvernement pourrait la déclencher si moins de
66% des créanciers privés participaient à
l'échange.
L'échange d'obligations prévu le 12 mars
La réponse sur le taux de partipation à l'échange
d'obligation sera de toute façon bientôt connue puisque
l'opération d'échange entre l'État grec et ses
établissement créanciers doit avoir lieu le 12 mars.
Et après, les banques conserveront-elles les nouvelles obligations ?
« Les détenteurs d'obligations grecques seront
incité à les conserver car il y aura une indexation d'une
partie des titres sur la croissance économique de la
Grèce ce qui permettra d'avoir un rendement
supplémentaire", estime Patrick Jacq de BNP Paribas. Des titres
dont le rendement sera indexé sur la croissance de la
Grèce seront en effet proposés aux créanciers
privés. L'idée est d'offrir une
rémunération supplémentaire si l'économie
grecque se redresse plus rapidement que prévu. Certains
économistes considèrent cependant que les
prévisions de croissance de 3% pour la Grèce à
compter de 2015 sont exagérement optimistes.
Les banques et créanciers ont un autre motif de conserver les
nouveaux titres de dette grecque selon Patrick Jacq : " si la
Grèce ne fait pas défaut, il y aura une
appréciation des papiers [titres obligataires, ndlr]". Le
stratégiste obligataire ajoute néanmoins que "chacun
restera libre de conserver ses obligations ou pas".
Que se passera-t-il si la Grèce ne respecte pas ses engagements ?
Si la Grèce ne respectait pas ses engagements de
réduction du déficit public, si elle ne versait pas les
coupons prévus pour les nouvelles obligations...les
créanciers devraient à nouveau restructurer leur dette.
L'accord PSI a au moins le mérite de faire gagner du temps ou
plutôt de repousser les problèmes à plus tard.
"Le marché est loin d'être rassuré", observe
cependant Rene Defossez de Natixis. "Un des risques les plus importants
reste le risque de contagion", ajoute-t-il en soulignant que mardi 21
février, jour de l'accord, le seul spread (écart de taux)
qui s'agrandissait était le rendement des obligation portugaises
contre les obligations allemandes (Bund) avec un écart de plus
de dix points de base. Marquant ainsi le déplacement des
craintes de la Grèce vers le Portugal.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/50f0a928-5c08-11e1-a6df-c1b0c8547d10
DETTE Mardi 21 février 2012
L’idée de mettre la Grèce sous tutelle de la troïka n’est plus un tabou
Ram Etwareea
La zone euro débattait lundi du second plan d’aide de 130 milliards
d’euros Un accord avec les créanciers privés n’est toujours pas acquis
Les ministres des Finances de la zone euro se sont réunis lundi pour
finaliser un deuxième plan d’aide de 130 milliards d’euros à la Grèce.
Au moment où nous allons mettre sous presse, aucune décision n’était
encore prise. Un accord préalable était également attendu entre les
créanciers privés et Athènes sur les conditions d’une annulation
partielle de la dette. Les négociations se poursuivaient hier soir et
selon Josef Ackermann, patron de la Deutsche Bank, un règlement portant
sur une remise de 70% pourrait être conclu dans quelques jours. Dans
une semaine, les chefs d’Etat de la zone euro se pencheront sur le
malade grec. Dans un mois, Athènes devra rembourser 14,5 milliards
d’euros de dette arrivant à échéance.
Alors qu’un certain optimisme était de mise avant le début de la
réunion d’hier, le ministre des Finances des Pays-Bas Jan Kees de Jager
a jeté un froid en proposant une «mise sous tutelle» de la Grèce.
«Quand on voit les dérapages des comptes publics, c’est probablement
nécessaire», a-t-il fait comprendre. Selon lui, la troïka (Commission
européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire
international) sera plus efficace si elle était basée en permanence à
Athènes au lieu de ne s’y rendre qu’occasionnellement. «Nous allons
devoir nous assurer que chaque promesse faite sera respectée à la
lettre», a insisté le ministre néerlandais.
La question de mettre la Grèce sous tutelle est dans l’air depuis
quelques jours déjà. Ce week-end, le ministre allemand des Finances
Wolfgang Schäuble a demandé aux Grecs d’accepter que des fonctionnaires
allemands viennent aider leurs collègues grecs à renforcer
l’administration fiscale. Le
quotidien d’Athènes Kathimerini craint que la nomination d’un
«commissaire allemand au fisc» serait une insulte à la souveraineté
nationale. Le journal cite encore d’autres responsables
allemands qui «conseillent à la Grèce d’accepter une aide européenne
pour construire une administration publique efficace».
Une nouvelle publiée lundi par le même journal a apporté de l’eau au
moulin aux partisans d’une surveillance plus stricte de la Grèce. L’an
dernier, 700 millions d’euros d’impôts ont été recouvrés, soit un
milliard de moins que prévu. L’objectif pour 2012, fixé à 2 milliards,
paraît d’ores et déjà compromis du fait de licenciements dans le
service public.
L’idée de mettre la Grèce sous tutelle ne choque pas Michel Juvet, chef
économiste chez la banque Bordier. «Lorsqu’une entreprise est mise en
faillite, un juge nomme un commissaire pour gérer la liquidation. On
devrait pouvoir appliquer la même règle à un Etat en faillite d’autant
plus que d’autres Etats sont appelés à l’aide», explique-t-il. Pour
l’associé de la banque privé, les ministres des Finances pouvaient
difficilement parvenir à un accord lundi du fait que de nombreuses
questions – participation du FMI, accord avec les créanciers privés –
étaient encore en suspens. Toutefois, selon lui, l’heure de vérité dans
la crise grecque va sonner lors du prochain sommet européen.
«La Grèce a réalisé
des efforts très importants en vue d’obtenir un second plan de
sauvetage», a déclaré Christine Lagarde, directrice du FMI, à son
arrivée hier à Bruxelles. Hier, le parlement grec est allé encore plus
loin dans l’application des mesures d’austérité exigées par la troïka.
Il s’agissait de faire des économies supplémentaires de 325 millions
d’euros dans le budget 2012. Des coupes, notamment dans les pensions
[dont retraites complémentaires], ont été notamment votées alors même
que la mobilisation contre la politique gouvernementale se poursuit à
Athènes.
Selon des chiffres
publiés lundi par la Banque centrale grecque, le pays poursuit sa
plongée dans la récession, avec un recul du produit intérieur brut de
7% en 2012. Selon BBC, les conditions de vie se dégradent jour après
jour. Le chômage frappe 20,9% de la population active. C’est le double
chez les jeunes de moins de 25 ans. Dans la capitale, quelque 20 000
personnes ont perdu leur logement durant cette dernière année. Athènes
a également enregistré 5000 appels téléphoniques de la part de
candidats au suicide, deux fois plus qu’en 2010. Une bonne nouvelle
toutefois: le secteur touristique a enregistré une hausse de 9,45% l’an
dernier par rapport à 2010.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/02/17/l-allemagne-a-t-elle-une-dette-de-guerre-envers-la-grece_1644633_3214.html
L'Allemagne a-t-elle une dette de guerre envers la Grèce ?
Le Monde.fr | 17.02.2012 à 18h03 • Mis à jour le 16.03.2012 à 15h35 |
Par Soren Seelow
"Les Allemands, qui rechignent à financer un second plan de
sauvetage pour la Grèce, devraient se souvenir de tout ce qu'ils
ont pillé dans ce pays pendant la Seconde Guerre mondiale [...]
Avec les intérêts, ce sont 81 milliards d'euros qui sont
dus à Athènes. C'est là une autre façon de
voir l'Europe et son histoire."
L'homme qui s'exprime ainsi n'est pas un ancien résistant grec,
ni même un membre de l'opposition grecque, il n'est pas grec du
tout. Il s'agit de l'eurodéputé Daniel Cohn-Bendit,
interpellant mercredi 15 février les responsables allemands au
Parlement européen au lendemain du refus de la troïka
européenne d'octroyer un deuxième plan d'aide de 130
milliards d'euros à Athènes.
"ILS ONT PRIS L'ARGENT GREC ET NE L'ONT JAMAIS RENDU"
L'Allemagne a-t-elle une dette de guerre non réglée
envers la Grèce ? La question peut sembler saugrenue, mais elle
a le mérite de replacer la crise de la dette que traverse le
continent européen dans un temps long. Montrés du doigt
comme de mauvais payeurs, étranglés par plusieurs plans
de rigueur, excédés par le "diktat" allemand, les Grecs
sont de plus en plus nombreux à renvoyer Berlin aux ardoises du
passé.
Début 2010, lors d'un voyage en Allemagne, Theodoros Pangalos,
alors vice-premier ministre, avait lancé une bombe sur les ondes
de la BBC : "Ils ont pris les réserves d'or de la Banque de
Grèce, ils ont pris l'argent grec et ne l'ont jamais rendu.
C'est un sujet qu'il faudra bien aborder un jour ou l'autre." En
décembre de la même année, le secrétaire
d'Etat aux finances hellènes, Philippos Sahinidis,
était allé plus loin en chiffrant la dette allemande
envers son pays à 162 milliards d'euros, à comparer au
montant de la dette grecque qui s'élevait à 350 milliards
d'euros fin 2011.
Photo : Pour le héros de la Résistance Manolis Glezos,
l'Allemagne doit 162 milliards d'euros à la Grèce.
AFP/LOUISA GOULIAMAKI
Plus récemment, c'était au tour du héros de la
Résistance Manolis Glezos, 89 ans, connu pour avoir
décroché le drapeau nazi de l'Acropole en 1941, de
réclamer le remboursement du prêt imposé à
la Grèce par le régime nazi. "Avec les dommages de
guerre", qu'Athènes se réserve toujours le droit de
revendiquer, "c'est 162 milliards d'euros, sans les
intérêts", estime-t-il.
BATAILLE DE CHIFFRES
Conbien doit l'Allemagne ? 81 milliards, comme le dit Cohn-Bendit ? 162
milliards, à en croire les revendications grecques ? 68
milliards comme l'affirme Le Point ? ou rien du tout, comme le soutient
Berlin ? La bataille de chiffres qui entoure cette question est
à la mesure de la complexité de la situation.
Nous sommes en 1941. Le 6 avril, la Wehrmacht envahit la Grèce.
Elle y restera jusqu'en 1944. Dans son ouvrage Dans la Grèce
d'Hitler, l'historien Mark Mazower estime que la Grèce est le
pays qui a le plus souffert du joug nazi – derrière la Russie et
la Pologne – et qu'elle a subi un "pillage systématique de ses
ressources". En 1941, les nazis imposeront en outre à la Banque
centrale grecque, comme ils l'ont fait dans d'autres pays, un
prêt de 476 millions de reichsmarks au titre des contributions
à l'effort de guerre.
Cet "emprunt" ne sera jamais remboursé, pour la simple raison
qu'il ne figure pas dans l'accord de Londres de 1953 qui fixe le
montant des dettes extérieures contractées par
l'Allemagne entre 1919 et 1945. Afin de ne pas répéter
les erreurs du traité de Versailles et de ménager ce
nouvel allié de l'Ouest face à la menace communiste, les
Etats-Unis consentent à réduire la dette de l'Allemagne
de moitié. Les victimes de l'Occupation sont priées
d'oublier leurs demandes de réparation. L'objectif
stratégique des alliés est d'édifier une Allemagne
forte et sereine, plutôt que ruinée par les dettes et
humiliée.
Washington obtient surtout des pays bénéficiaires du plan
Marshall qu'ils renoncent à exiger immédiatement leur
dû, repoussant d'éventuelles réparations à
une réunification de l'Allemagne dans le cadre d'un
"traité de paix". "A partir de là, l'Allemagne s'est
portée comme un charme pendant que le reste de l'Europe se
saignait aux quatre veines pour panser les plaies laissées par
la guerre et l'occupation allemande", résume l'historien de
l'économie allemand Albrecht Ritschl, professeur à la
London School of Economics, dans un entretien à Der Spiegel (en
version française dans Courrier international).
L'ALLEMAGNE A FAIT TROIS FOIS DÉFAUT
Ce sursis permettra à la RFA de connaître un
véritable "miracle économique", le fameux
Wirtschaftswunder pendant quatre décennies. Et au moment de
passer à la caisse, Bonn s'arrangera pour ne pas honorer ses
engagements. Le chancelier Helmut Kohl obtient en effet que le
traité de Moscou de 1990 entérinant la
réunification ne porte pas la mention "traité de paix",
une des conditions figurant dans l'accord de 1953 pour
d'éventuels remboursements. "C'était un moyen de
continuer à fuir les réparations", souligne le
Süddeutsche Zeitung (article traduit en français). En
approuvant ce traité, la Grèce a perdu, aux yeux de
Berlin, toute légitimité à réclamer des
réparations. "Dans la pratique, l'accord de Londres de 1953
libéra les Allemands de leur obligation de rembourser leurs
dettes de guerre", résume le quotidien allemand.
En d'autres termes, l'actuel champion économique de la zone euro
a fait trois fois défaut au cours du XXe siècle : dans
les années 1930, en 1953 et en 1990. "L'Allemagne n'a pas
réglé ses réparations après 1990 – à
l'exception des indemnités versées aux travailleurs
forcés, poursuit Albrecht Ritschl dans Der Spiegel. Les
crédits prélevés de force dans les pays
occupés pendant la Seconde Guerre mondiale et les frais
liés à l'Occupation n'ont pas non plus été
remboursés. A la Grèce non plus." Or "personne en
Grèce n'a oublié que la République
fédérale devait sa bonne forme économique aux
faveurs consenties par d'autres nations", insiste-t-il.
photo : L'avocat allemand Joachim Rollhauser lit une déclaration
devant l'ambassade d'Allemagne à Athènes lors d'une
manifestation de citoyens allemands réclamant des
réparations immédiates pour toutes les victimes grecques
du nazisme, le 6 juin 2011. AFP/LOUISA GOULIAMAKI
En tout et pour tout, la République fédérale n'a
dédommagé qu'une fois la Grèce : 115 millions de
deutsche Marks (environ 58 millions d'euros). C'était en 1960,
dans le cadre d'un accord global avec plusieurs pays européens
et Israël. Depuis cette date, l'Allemagne estime s'être
acquittée de sa dette. Mieux encore, elle n'hésite pas
à rappeler qu'elle a "payé depuis 1960 environ 33
milliards de deutsche Marks d'aides à la Grèce, à
la fois de façon bilatérale et dans le cadre de l'Union
européenne". A quoi il faut ajouter que la Grèce a
bénéficié de plus de 700 millions de dollars de
l'époque dans le cadre du plan Marshall.
COHN-BENDIT : UNE QUESTION "MORALE"
Sauf qu'en cette période de crise continentale, tout le monde, y
compris en Allemagne, ne se satisfait pas des immenses faveurs
accordées à Berlin au lendemain de la guerre.
Asphyxiés par leurs dettes et pressés par Berlin
d'enchaîner les plans d'austérité, les Grecs sont
de plus en plus nombreux à vouloir faire partager une partie de
leur fardeau à leurs anciens envahisseurs.
La somme de 162 milliards d'euros évoquée va ainsi bien
au-delà du seul remboursement du prêt forcé, qu'on
estime dans une fourchette comprise entre 54 milliards et 81 milliards
d'euros. Elle englobe en outre les 108 milliards évalués
lors de la Conférence internationale de paix à Paris pour
la réparation des dommages causés par les troupes nazies
sur l'infrastructure économique du pays.
Daniel Cohn-Bendit, lui, se place sur un "plan moral" : "Les Allemands,
qui se disent vertueux, estiment que les Grecs ont péché
et qu'ils doivent payer. Or, ceux qui ont le plus péché,
ce sont tout de même les Allemands, dont la dette a pourtant
été effacée parce que les Américains y
voyaient un intérêt stratégique. Pourquoi ne pas
considérer que sauver la Grèce est stratégique, au
lieu de mettre ce pays à genoux ?"
Soren Seelow
594 av. J.-C. : les Athéniens abolissent leurs dettes
Dimanche 26 Juillet 2015 à 5:00
Hervé Nathan
Dans l'Athènes du VIe siècle avant Jésus-Christ,
les pauvres endettés devenaient les esclaves de leur
créanciers. Un système inique auquel mit fin le
démocrate Solon, car le peuple grondait. Déjà !
Solon réformant les lois d'Athènes - MARY EVANS/SIPA
>>> Article paru dans Marianne daté du 17 juillet
On ignore quelle température règne sur Athènes en
cette année 594 avant Jésus-Christ (ou 592, selon les
sources...). En revanche, on sait que le climat social est torride. La
cité, qui est encore loin d'être la puissance
internationale qu'elle deviendra au siècle de
Périclès, est au bord de la guerre civile. L'affrontement
couve depuis plusieurs années entre riches propriétaires
fonciers qui dominent la vie politique et les pauvres. Deux
siècles plus tard, Aristote le raconte (1) : « Il survint
un conflit entre l'aristocratie et le peuple, un conflit qui fut de
longue durée. [...] En particulier, les pauvres étaient
les esclaves des riches, aussi bien les hommes que les femmes et les
enfants. »
Le processus est vicieux et implacable, qui s'appuie sur les lois du
réputé législateur Dracon : « Les
prêts avaient les personnes pour gages et la terre était
dans un petit nombre de mains. » Les paysans pauvres s'endettent
auprès des riches ; lorsqu'ils ne peuvent plus rembourser (en
nature, car les espèces, dont la célèbre drachme,
ne circulent pas encore réellement), leurs
propriétés sont saisies par les créanciers. Les
agriculteurs deviennent alors des hektémores (ceux qui
travaillent au sixième), ce qui signifie qu'ils doivent un
métayage (partage des récoltes) équivalent aux
cinq sixièmes de produits de leurs terres. Le sixième de
la production qui leur revient est évidemment insuffisant
à la subsistance de la famille. Devenir hektémore, c'est
entrer dans l'antichambre de la servitude.
DOULOS ET DESPOTES
Dans le pourtour du Bassin méditerranéen de
l'époque, il existe une manière quasi universelle pour
les pauvres d'honorer les dettes : devenir l'esclave du prêteur
(lire encadré). Le paysan encore libre devient alors un doulos,
soumis au despote (« maître ») et avec lui, toute sa
famille, femme et enfants. C'est là, selon Aristote, que le vase
menace de déborder : les maîtres revendent les esclaves.
Entre eux, c'est un moindre mal puisque les personnes restent sur la
terre de l'Attique. Mais vendre des Athéniens à des
étrangers et les contraindre ainsi à l'exil, cela
constitue un scandale, quasiment un sacrilège.
« Pour la foule, le plus pénible et le plus amer des maux
politiques était cet esclavage. Pourtant, elle avait tous les
autres sujets de mécontentements, car pour ainsi dire elle
n'avait aucun droit », écrit Aristote. La campagne de
l'Attique est à cran. La guerre servile (le mot ne sera
inventé par Rome que plusieurs siècles plus tard) est aux
portes de la ville, ce d'autant plus que les détenteurs du
pouvoir économique disposent aussi du pouvoir politique. La
constitution héritée de Dracon donne les clés de
l'Etat aux classes les plus riches. Il faut en particulier
posséder un patrimoine d'au moins 10 mines (une mine vaut 100
drachmes et 402 g d'argent) pour être archonte,
c'est-à-dire magistrat suprême.
GUERRIER ET POÈTE
C'est pourtant un membre de cette aristocratie qui va résoudre
la crise. Solon est élu archonte en - 594. Plutarque en fera
plus tard un personnage exceptionnel. Il était issu d'une des
meilleures familles de la cité, les eupatrides (les «
bien-nés », c'est tout dire...), mais, par ses revenus et
sa fortune, nous dit Aristote, il faisait aussi partie de la classe
moyenne. L'homme qui fera partie des Sept Sages de la Grèce
(auprès de Thalès de Milet, Bias de Priène,
Pittacos de Mytilène...) est à la fois chef de guerre et
poète, capable donc d'emmener les hoplites athéniens
à la conquête de l'île voisine de Salamine, mais
aussi de discourir en vers devant l'assemblée des citoyens...
Solon trouve les mots qui touchent les Athéniens : « Dans
ma poitrine, mon cœur est affligé quand je vois
assassinée la plus antique terre d'Ionie. » Le magistrat
reçoit le mandat explicite de résoudre la crise sociale
et de réformer la constitution... Pas simple : assailli de
revendications de toutes parts, l'arbitre affirme « s'être
débattu comme un loup au milieu des chiens », mais plaide
le dialogue : « Vous calmez dans votre poitrine la violence de
votre cœur, vous qui êtes allé jusqu'au
dégoût des plus grands biens ; amenez à la
modération votre esprit orgueilleux, car nous n'obéirons
pas et tout ne vous réussira pas... » La violence sociale
ne demande qu'un prétexte pour éclater. Le moindre faux
pas d'un côté ou de l'autre menace de
dégénérer. « Si j'avais voulu ce qui
plaisait alors aux ennemis du peuple ou encore ce que leurs adversaires
leur souhaitaient, la cité fût devenue veuve de bien des
citoyens », chante le poète...
UN ACTE DE PIÉTÉ
Il faut trouver le compromis, même si « les riches »
ont davantage de responsabilités dans le conflit, menés
qu'ils sont par « l'avidité et l'orgueil ». Il
prononce donc la suppression des dettes de toute nature, privées
et publiques. D'un coup, les esclaves retrouvent leur statut d'homme
libre, à tel point qu'il faut que les ex-maîtres
rapatrient les citoyens qu'ils avaient expédiés à
l'étranger ou dans les colonies du pourtour de la mer Noire. De
plus, la nouvelle loi interdit désormais de prêter en
prenant les personnes pour gages, et libère les
hektémores de leur redevance des cinq sixièmes. C'est la
sisachthie, le « rejet du fardeau ». Solon la
présente comme un acte de piété : ce sont autant
les citoyens qui sont réhabilités que la « terre
noire », sacrée, de l'Attique, jusque-là
souillée par des pratiques sociales qui bafouent les dieux. La
mesure est néanmoins révolutionnaire au point que Platon,
philosophe opposé à la démocratie, y verra le
signe d'une dangereuse anarchie (2) !
En fait, Solon limite aussi les dégâts pour les
propriétaires : les membres du parti démocratique
poussaient plus loin la revendication et exigeaient aussi une
réforme agraire, le partage général des terres.
Solon les voit venir : « Ils allaient au pillage avec de folles
espérances, et chacun d'eux s'attendait à trouver une
grande richesse. » Mais il refuse ce communisme version antique :
« Il ne me plaît pas de donner aux bons et aux mauvais une
part égale de la grasse terre de la patrie... »
L'abolition des créances ne fit pas que des malheureux dans les
classes aisées. Trois de leurs représentants, Conion,
Clinias et Hipponicos, expérimentèrent à cette
occasion ce qui peut apparaître comme le premier délit
d'initiés de l'histoire. Ces trois amis de Solon, dans la
confidence des projets législatifs de l'archonte,
s'empressèrent d'emprunter de fortes sommes d'argent pour
acheter des terres. « Quand ensuite le décret fut
publié, ils gardèrent les biens qu'ils avaient acquis et
ne remboursèrent pas ceux qui leur avaient prêté de
l'argent. » Les trois compères reçurent le joli
surnom de Chréocopidès (« Coupe-dettes »).
L'affaire faillit coûter cher à Solon, accusé de
complicité. Fort heureusement, il put prouver qu'il avait
lui-même prêté des sommes importantes que sa propre
loi lui avait fait perdre...
Par l'arbitrage de Solon, les Athéniens sont donc libres pour le
présent et le futur. Ce qui ne signifie aucunement l'abolition
de l'esclavage, réservé dorénavant aux
non-Athéniens. Il est même probable que la sisachthie va
accélérer la croissance du marché de l'esclavage
en multipliant les expéditions extérieures des
Athéniens, dont les descendants des anciens esclaves feront
volontiers partie, afin de pratiquer le rapt de la main-d'œuvre
servile. Car redevenir citoyen de plein exercice permet aussi de
participer aux guerres dans les rangs des hoplites, ces guerriers
lourdement armés qui combattent au coude à coude, et qui
font la force des cités grecques. Qui dit bataille dit butin et
partage, y compris hommes, femmes et enfants capturés. La
population de la Thrace sera ainsi largement mise à contribution
pour exploiter les mines d'argent du massif du Laurion, richesse
collective des citoyens d'Athènes (le métal permet de
frapper des drachmes en abondance), mais aussi cimetière humain
proverbial tant les conditions de travail y sont exténuantes.
A la concorde sociale devait correspondre de nouvelles institutions
politiques. On prête à Solon, devenu le législateur
par excellence, une refonte complète des institutions de la
cité, jusqu'aux poids et mesures et à la monnaie, ce qui
est contesté par nombre d'historiens (3). Il est
néanmoins certain que la révolution sociale a
rapproché les classes laborieuses du pouvoir. C'est l'opinion
d'Aristote qui rapporte (dans la Politique) les récriminations
des oligarques : « Tout en se gardant d'abolir les institutions
qui existaient auparavant, telles que le Conseil [de l'Aréopage]
et l'élection des magistrats, Solon a réellement
fondé la démocratie en composant les tribunaux de juges
pris parmi tous les citoyens. Aussi lui adresse-t-on parfois de vives
critiques, comme ayant détruit l'élément non
démocratique du gouvernement, en attribuant l'autorité
suprême aux tribunaux dont les membres sont tirés au sort.
» Mais le philosophe précise : « Solon
lui-même n'a vraisemblablement attribué au peuple que le
pouvoir strictement nécessaire, celui d'élire les
magistrats et de vérifier leur gestion. Car, si le peuple ne
possède même pas sur ce point un contrôle absolu, il
ne peut être qu'esclave et ennemi de la chose publique. »
UNE SOCIÉTÉ DIVISÉE
N'ayant pas réussi à faire cesser les troubles, craignant
aussi la vindicte des extrêmes insatisfaits de ses
réformes, qu'ils soient démocrates ou oligarques, Solon
choisit avec prudence de s'exiler pour une décennie. Cinq ans
après son départ, les dissensions duraient toujours et
Aristote décrit une société profondément
divisée : « Ils ne cessaient de se faire souffrir les uns
et les autres, les uns prenant pour cause et pour prétexte la
suppression des dettes (car ils avaient été
ruinés), les autres étant mécontents de la
constitution à cause de l'importance de la réforme,
certains par rivalités réciproques. » Après
une tentative de partage du pouvoir antre classes sociales, Pisistrate
- un populiste démocrate, dirait-on aujourd'hui - prend le
pouvoir. C'est un tyran, puisqu'il ne respecte pas la loi, mais
Aristote le dépeint en despote éclairé : «
Il assurait toujours la paix et veillait à la
tranquillité du peuple. » Un dicton populaire ne disait-il
pas que « sous Pisistrate, c'était la vie sous Cronos
». La belle époque, en somme.
Solon le poète : "Ceci, je l'ai accompli par la force de la loi"
« Quant à moi, le but pour lequel j'ai rassemblé le
peuple, en quoi y ai-je renoncé avant de l'avoir atteint ? Elle
peut en porter témoignage devant la justice du Temps, la
mère toute-puissante des Olympiens, mieux que quiconque, elle,
la terre noire, dont j'ai un jour arraché les bornes
plantées en maints endroits dans le sol ; auparavant esclave,
maintenant elle est libre.
Ils sont nombreux, ceux qu'à Athènes, leur patrie
fondée par les dieux, j'ai fait revenir : ils avaient
été vendus, celui-ci injustement, celui-là au nom
de la justice, les uns partis en exil sous l'effet d'une implacable
nécessité, ne parlant plus la langue attique, comme il
arrive à des gens qui errent en tous lieux ; les autres, qui
connaissaient ici même un esclavage indigne et redoutaient
l'humeur de leurs maîtres, j'ai fait d'eux des hommes libres.
Ceci, je l'ai accompli par la force de la loi, en associant la
contrainte et la justice, et j'ai suivi ma route comme je l'avais
promis. J'ai rédigé des lois aussi bien pour le
méchant que pour l'homme de bien, préparant pour chacun
une justice droite. »
Cité par Aristote (Constitution athénienne, XII, 4.), traduction de Michel Sève.
L'esclavage pour dettes existe encore
De nombreux exemples de servitude pour dettes sont connus dès
l'Antiquité. En Mésopotamie, on « efface les
tablettes » qui conservent les créances, ce qui
libère les esclaves. Dans la Bible, les Hébreux se
lamentent : « Nous voici esclaves sur la terre que tu as
donnée à nos pères, pour qu'ils jouissent de ses
fruits et de ses biens ! » (Néhémie, 9,36).
L'esclavage pour dette étant contraire à la promesse de
l'Eternel : « Je vous ai tirés de la maison d'esclavage
[l'Egypte] », le roi Josias établit au VIIe siècle
av. J.-C. « l'année sabbatique », à
l'occasion de laquelle les dettes sont éteintes. On retrouve la
servitude pour dettes dans la Rome républicaine, puis au Moyen
Age en Occident comme en Orient. Certains contrats sont assimilables
à un esclavage, comme les indentures que signaient des migrants
vers les Etats-Unis pour rembourser leur traversée. Le XIIIe
amendement de la Constitution des Etats-Unis (1865) émancipe les
Noirs mais aussi des Blancs réduits en servitude pour dettes.
L'Inde n'a aboli la servitude pour dettes qu'en 1975, et le Pakistan,
en 1992. Le travail contraint pour le remboursement de la dette
contractée pour émigrer est, on le sait, encore en cours
en Europe, même s'il est réprimé au titre du trafic
d'êtres humains. On signale encore des situations d'esclavage au
Brésil ou en Mauritanie. Une vingtaine de millions de personnes
seraient concernées dans le monde.
(1) La source principale est la Constitution d'Athènes
rédigée par Aristote entre 329 et 322 av. J.-C.. On
trouve les traductions de référence soit aux Belles
Lettres (Georges Mathieu et Bernard Haussoullier), soit au Livre de
poche (Michel Sève).
(2) « Anarchie » signifie « sans archonte ». Le
terme désignait les années où l'on n'avait pas
élu de magistrat.
(3) Cf. Politique et société en Grèce ancienne, de Claude Mossé, Flammarion 1999.
Lire aussi : l'Effacement des dettes, une solution à la crise
mondiale. L'exemple de Solon dans la Grèce antique, d'Ina
Piperaki et Jean-Michel Reynaud, éd. Bruno Leprince.
source : http://www.marianne.net/594-av-j-c-les-atheniens-abolissent-leurs-dettes-100235724.html
L'uranium des bombes atomiques venait du Congo belge
Le Vif
06/08/15 à 13:30 - Mise à jour à 13:24
Source : Belga
Soixante pour cent de l'uranium utilisé pour la fabrication des trois
premières bombes nucléaires américaines - celle testée le 16 juillet
1945 dans le désert d'Alamogordo (Nouveau-Mexique) puis celles larguées
sur Hiroshima et Nagasaki début août 1945 - provenaient du Congo belge,
rappellent les spécialistes, dont le professeur Rik Coolsaet.
Cet uranium avait été extrait de la mine de Shinkolobwe (Katanga) et
fourni aux États-Unis à partir de septembre 1942 par l'Union minière du
Haut Katanga (UMHK), selon le professeur Coolsaet, qui en fait mention
dans un livre. Tout comme l'écrivain Luc Barbé dans son ouvrage "België
en de bom". Le reste de l'uranium utilisé par les États-Unis pour leur
projet Manhattan provenait du Canada, avait précisé le professeur
Coolsaet en 2005 à l'agence Belga lors du 60ème anniversaire de
l'explosion de la première bombe A de l'histoire, lors d'un essai
baptisé "Trinity", en plein désert du Nouveau-Mexique (sud-ouest des
Etats-Unis). Rik Coolsaet, ancien chef de cabinet adjoint au ministère
de la Défense et aux Affaires étrangères, est l'auteur d'un ouvrage
intitulé "België en zijn buitenlandse politiek, 1830-2000" ("La
Belgique et sa politique étrangère") paru en octobre 2001 aux éditions
Van Halewyck, dans lequel il explique que la fabrication de ces bombes
n'a été possible qu'avec la fourniture d'uranium provenant de
Shinkolobwe, près de Likasi (Jadotville du temps de la colonisation
belge).
Selon lui, les livraisons ont débuté en septembre 1942, quelques mois
seulement après que les États-Unis eurent décidé de développer des
armes nucléaires par crainte d'un programme similaire en Allemagne. Les
mines d'uranium du Katanga (sud-est du Congo) étaient à l'époque les
plus importantes et les plus riches au monde. En 1939, un ingénieur
belge, Edgar Sengier, alors directeur de la Société Générale et
directeur général de l'UMHK, qui avait compris les possibilités futures
de l'uranium, avait ordonné en 1939 que la moitié du stock disponible
en Afrique, soit un millier de tonnes, soit envoyée en secret à New
York, de peur qu'il ne tombe entre des mains ennemies. Sengier lui-même
partit pour New York lors du déclenchement de la guerre afin de
conduire les opérations mondiales de l'Union Minière pendant
l'occupation. Pourtant, l'uranium resta oublié dans un entrepôt de
Staten Island. En septembre 1942, le colonel (devenu ensuite général)
Kenneth Nichols, qui avait été chargé par le patron du projet
Manhattan, le général Leslie Groves, de trouver de l'uranium, rendit
visite à M. Sengier à son bureau de New York. L'officier demanda à M.
Sengier si l'Union minière pouvait fournir de l'uranium, précisant
qu'il comprenait que cette demande serait peut-être difficile à
satisfaire rapidement.
La réponse de M. Sengier est entrée dans l'histoire: "vous pouvez avoir
le minerai maintenant. Il est à New York, 1.000 tonnes. J'attendais
votre visite". M. Sengier établit immédiatement un contrat de vente et
le minerai de Staten Island, sur la rivière Hudson, fut transféré à
l'armée américaine qui obtenait en même temps une option sur les 1.000
tonnes encore stockées à Shinkolobwe. Selon le professeur Coolsaet, ce
n'est qu'en mars 1944 que le gouvernement belge, alors en exil à
Londres, a été - partiellement - informé des contrats passés entre
l'Union minière et les Etats-Unis. Ils ne les auraient approuvés qu'en
septembre 1944, alors que le projet Manhattan - le développement, dans
le plus grand secret de la bombe atomique - était déjà bien lancé, puis
qu'il avait débuté en 1943. D'autres sources affirment que les
livraisons d'uranium du Congo belge ont représenté 70 à 75% des
quantités nécessaires pour la recherche et le développement des
premières bombes atomiques et font état de la livraison d'environ
30.000 tonnes de minerai d'uranium et de thorium. A la fin du mois de
juin, trois bombes étaient prêtes. Deux d'entre elles, "Little Boy" (à
l'uranium) et "Fat Man" (au plutonium), s'apprêtaient à embarquer pour
le Pacifique, mais il fallait encore vérifier le bon fonctionnement de
l'arme la plus puissante jamais produite. Ce qui s'est produit le 16
juillet à 05h29 et 45 secondes locales à Alamogordo, un lieu-dit au nom
prédestiné de "voyage de la mort" et qui fait actuellement partie du
White Sands Missile Range, un centre d'essais de l'armée américaine.